Les Schnegg à Quinsac Un beau matin d'avril 1917, Madeleine aperçoit un homme portant un képi qui avance vers sa maison. Saisie par un horrible pressentiment, elle hurle en direction de son mari : "Gaston ! Il est arrivé quelque chose à Pierre !" et elle s'évanouit. Peu après le messager avise effectivement Gaston de l'épouvantable nouvelle : Pierre Schnegg, son fils aîné, est porté disparu dans le massacre du 16 avril 1917 au Chemin des Dames. Effondré, il se souvient des dernières paroles de celui-ci lorsqu'il l'a raccompagné à la gare après sa dernière permission : "Papa ! Cette guerre est terrible! Je sens que je n'en reviendrai pas !" Gaston Schnegg, né à Bordeaux en 1866, est alors un sculpteur très réputé qui figure, avec son frère Lucien, parmi les collaborateurs les plus estimés de Rodin. Depuis quelques années il a l'habitude de passer les étés à Quinsac au Domaine des Abeilles. En 1914, pour mettre sa famille à l'abri, il décide de quitter Paris bombardé et de s'installer de façon permanente à la campagne. Il loue donc une autre maison au bord de l'eau à Quinsac où ils vont passer toute la guerre. Ses jumeaux de onze ans, André et Jeanne, y fréquentent l'école communale et y font leur première communion. Pierre, plus âgé, est élève de la prestigieuse Ecole Boulle. Malheureusement il a bientôt l'âge d'effectuer son service militaire et doit partir pour le front où il ne tarde pas à comprendre qu'il sera sacrifié au même titre que ses camarades fauchés en pleine jeunesse, victimes de l'inconséquence consternante et de l'entêtement imbécile de certains généraux et politiques de l'époque. |
Le Monument Bien d'autres familles Quinsacaises ont subi le même deuil et bien des mères, comme Madeleine, sont affreusement bouleversées à la pensée que certains de leurs fils n'auront jamais de tombe. Une souscription est donc lancée pour financer un monument aux morts. Gaston Schnegg se charge de la sculpture et fait don de son travail à la commune. Il donne les traits de son fils au soldat en médaillon sur la face principale de la colonne et immortalise par un coq qui chante dressé sur une couronne de lauriers la reconnaissance de la France victorieuse au sacrifice de ses enfants dont les noms sont gravés dans le marbre. |
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La sobriété du monument aux morts de
Quinsac reflète bien l'état d'esprit de Gaston Schnegg
par rapport à l'évènement. Il a surtout voulu
évoquer le respect et l'amour des survivants pour les
jeunes victimes et s'est refusé à représenter un
soldat dans une attitude guerrière et conquérante comme
beaucoup d'autres sculpteurs l'ont fait à cette époque.
Il n'a montré que l'effroi des jeunes militaires devant Trop profondément touché par la disparition de son fils, Gaston Schnegg refusa toute autre commande de momument aux morts. Quant à Madeleine, elle ne se remit jamais de sa perte. Elle sombra dans une mélancolie qui la poursuivit jusqu'à la fin de sa vie et mourut en disant : "Je vais retrouver Pierre". M. Schenegg |
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Document réalisé
par Marine Schenegg
Dernière
révision : 01-09-2023